À l’ombre du prunier
Fruits ronds encore verts
Feuilles jaunies comme fumeuses
Malades
Encore
Tous les deux
C’est une habitude ancrée
Sur nos fonds bitumineux
À l’ombre du prunier
J’hésite
Encore
Lequel des deux le premier
Tombera dans les pommes ?
Dans mon jardin
Il y a quelque-chose
Derrière
Il y a quelqu’un
Qui rythme la valse
La mesure à trois temps
De mon âme indécise
Il y a quelque-chose
Derrière
Il y a quelqu’un
Qui meurt à son rythme
Et bat ma mesure
À coups de feu dans l’âme
Les épices
Regarder ta nuque
Ton épaule soufflée par mes pensées
Du verre en fusion
Rond cristal
Le monde est si beau
Ta nuque et l’épaule
La gravité des astres
Et le grain si fin
Saupoudré d’épices
Caresser ta nuque
De mes pensées soufflées
Et goûter les épices
De ton épaule fondue
Si
Le monde est beau
Gare à la noyée
La liberté s’arrête
Sous les regards de plomb
Sous les plombs revanchards
Des trembleurs pathétiques
La liberté s’arrête
Touchée
Coulée
Fondue
Dans la lymphe et les os
Dans les tripes tordues
Comme un détonateur
Une mèche vissée
Soudée
La liberté s’arrête
Dans l’attente de l’étincelle
À détruire (avant autodestruction)
Le plus dur à détruire
Tu sais
Ce n’est pas le monde
Le vert et l’orange radieux
Une mèche fragile
Déjà étouffée.
Le plus dur à détruire
Tu sais
C’est le schéma
La mythologie des braquemarts
Puissance et vitesse
Compétition des branleurs
Et imaginaire étroit
Le cul de la mouche
Comme seul horizon.
Le plus dur à détruire
Tu sais
C’est le vide
Le manque
De courage
De force
D’énergie
Sinon pour la haine
L’envie
Apprise
Par derrière
Suppositoire marchand
Écran total
Binaire
La fable hypnotique
Du mérite et du choix.
Ce qu’il faut détruire
Tu sais
Se cache en dedans
Au creux de la tempe
Sous l’os et la peau
Fragiles.
Ce qu’il faut détruire
Nous le sentons
Le voyons
Le savons.
Alors ?
Le canon ou la révolution des cœurs ?
Couchez-vous
Chou blanc
Bec dans l’eau
Sous la mitraille
Couchez-vous
Ras du sol
Plus bas que terre
Sous vos pleurs
Vos cris
Bruits blancs du succès
Qui ricane et canarde
Quels sont-ils ?
Quels arguments ici
Sur la table sujets blancs
Des oraux tus dans l’encre
Sèche et noire aussi ?
Quels arguments ?
Quelle heure est-il ?
Pourquoi mens-tu ?
L’arbre
L’arbre
Entre les murs
Écume du monde
Sédiment solitaire
L’arbre
Hors du cycle
Enfoui
Survit par habitude
Osmotique
Mécanique
Qui sommes-nous pour le juger ?
Qui ?
Ce n’est pas un ami
Juste une démangeaison
Une rougeur à l’intérieur
Derrière l’os du front
Une pensée immobile qui s’agrippe
Parasite
Se nourrit des déchets
De ma mémoire sélective
Engraisse ce souci
Qui ai-je donc oublié ?
Les molosses aussi
Les beaux gosses aussi
Se poudrent le nez
Les people bien nés
Qui ainsi s’associent
Pour les crimes sans souci
La légalité crasseuse
Des exemptions poreuses
Le clinquant verdâtre
Des tueurs bellâtres.