Je ferai sans,
Sans le manque,
Sans l’envie,
J’aveuglerai mes sens
Et j’oublierai de sentir
Mon sang sous ma peau,
L’appel cent fois répété
À l’indécence de la vie
Et au sens du mot :
Essentiellement.
Le jour s’en va
Le jour s’en va,
Les autres sont déjà partis,
Dans le trou de souris,
Souris jaune,
La vie est belle,
Dans le trou à rat,
À ras-bord,
plein des jours,
Des jours nés,
Des jours morts,
Dans la pomme,
Plantes tes dents,
Mâchonnes,
Broies le jour qui s’en va.
Charcuterie
Le vent m’irrite et me bénit,
C’est le baiser de l’espadon,
La lame qui enflamme
Mes entrailles et mon âme.
Sans faire de différence,
Dans le cochon tout est bon.
Faut pas !
Il en viendra d’autres,
Des plus belles,
Des plus douces,
Des canailles.
Peut-être derrière cet arbre
Ou dans le creux de tes yeux.
Ne pas laisser dans l’état où vous l’avez mis
Ne viens pas maudire,
Le temps passe immobile,
Ta chaise est un trône,
Tout au fond du wagon.
Ne viens pas pleurer
De n’avoir pas su,
Saute sur les rails
Et bouge un peu ton cul.
L’entière responsabilité
Quand tu viendras me chercher
Et me nourrir un peu
De tes sons, tes simagrées.
Quand tu viendras bien décidé(e)
Pour allumer mon feu
D’ours très éméché.
Quand tu viendras me sauver,
Ce sera dangereux,
J’en ai la responsabilité.
Lien brisé
Sans les phonèmes,
Sans les phénomènes,
Sans le capharnaüm,
Que reste-t-il, au fond,
De nos rêves essoufflés ?
Un apnéiste mort
Et détaché.
L’ouïe qui me démange
Chant des gorges,
Pendu à nos yeux,
Tu noies nos glandes
Et brises nos os.
En même temps.
Chant de gorges,
Tu as percé mon outre
Et j’ai le vin triste,
L’ivresse endocrine.
Démone
Tu es belle au midi
Mais si sombre la nuit
Quand tu viens en catimini
Troubler mes rêves d’abruti.
Exclusivité
Rien qu’à toi,
Ces syllabes,
Ce silence,
Interruptus !
Rien qu’à nous,
Le non-dit rougissant,
Le lent glissement
Du conscient
Au gisement.
Rien qu’à moi,
Le couteau oublié,
Planté dans mon flanc
Anesthésié.