Le poing
Sorti du tronc
Un bout de lune blanche
Dans le creux de la paume
Le poing
Bourgeon de la colère
Fermé sur son amour
Les pleurs qui suintent
Le poing s’envole
Fléau d’armes qui danse
Danse fracasse
Met la danse aux menaces
Aux verrous tenaces
Aux rapaces
Le poing libère
Laboure la place
Pour la naissance au soleil
Des couleurs inconnues.
Catégorie : Saison 2
La suite. Mars 2017 à août 2018
Derrière la palissade
Il y a des grues, des camions, des casques et des bottes. Il y a du bruit, des coups portés à un métal inconnu. J’entends des cris aussi. Un outil qui manque à l’appel ? Pour le moment, seul un étage de béton brut émerge des palissades. Bientôt, si j’en crois le grand panneau promotionnel, des enfants joueront sous de grands arbres pendant que leur maman, sur une terrasse, profitera d’un soleil printanier. Bientôt, ici, des vies éliront domicile et les ouvriers partiront construire d’autres nids, à coups de grues et de camions, les bottes dans la boue et le casque sur la tête.
Véhicule amphibie
La manière de marcher
Sur l’eau
Pas glissés ou de percheron
La manière de marcher
Dis tout du messie du moment
Raconte son tour d’esprit saint
Son manège envahissant
Cruellement comploteur
Ou carrément Grosse Bertha.
Au sommet de l’Échelle
Qui la mérite
La nécrose
Les membres morts
L’arbre qui s’effondre
Pourrir au printemps
L’épouvantail
L’épouvantable putréfaction
Qui la mérite ?
Qui sait le mal
La grêle des coups bas
Dans les ventre vides
Les balles tranchantes de l’hiver ne sont pas à blanc
Qui sait le froid
Figer tuer
Qui sait sous l’indifférence ?
Au fond
Profond
Tous nous savons
Mais eux creusent
Chassent la torpeur
Le sommeil glacé
Mortel
Au sommet de l’Échelle.
La mémoire de l’eau
La pluie est sombre
Pleine de suie
Ombres noyées
Ronds dans l’eau
L’onde au loin s’éteint
Pas de tombes
Mais les décombres
Les ruines
Sous les trombes de bombes
La pluie est sombre
Glacée
Amertume
Je cherche les correspondances
Le goût de mon humeur vitrée
Je cherche tant
Je cours en vain
Car l’amertume
Houle tranchante
Un coup de feu
Permanent
Entre les dents
Sur ma langue déserte
Ta cravate
Il y a de la bave
Sur ta cravate assortie
Un peu de venin perdu
Par tes lèvres sans nom
Un filet d’envie
Sans arrêt
Mais les arêtes dans nos gosiers
Diffusent le poison
Découpent les chairs
Pour le grand civet
Tu vas te régaler
Je vais venir
Sous le goudron
La terre dure
Depuis si longtemps
Que mes pas l’ont oubliée
Mes pas d’oiseau
De proie peut-être
Mais je vais venir
En dépit de vous
Les échéanciers du ciel
Car sous le goudron
La terre est dure
Et noire comme mes pensées
Sept
Ta chanson se lamente
Trois minutes trente
Mais je roule encore
Cent-vingt au cœur de la nuit
Ne pas dormir dans ta voix
Dans tes pleurs que je ne veux étouffer
Tenir sept kilomètres
Sans lever l’oreille
Ni fermer les yeux
Ce qui est beau doit être dit
Ce qui est beau doit être dit
Aussi
Même si
Ce que je dis n’est pas bien beau
Ce que je crie n’a pas d’écho
Ce que tu vis dans ton ghetto