Deux chaises blanches dans le jardin
Deux chaises vides en plastique blanc
Pâles et inutiles dans la nuit
Deux traces de ceux qui s’y assirent
Pour souffler sous l’arbre
Expirer la douleur de la journée
Évaporer la bulle d’eau derrière les yeux
Deux chaises blanches pour ne pas pleurer.
Catégorie : Saison 2
La suite. Mars 2017 à août 2018
La ligne est claire
Chut !
Équilibre précaire !
Les allumettes sont mouillées
Le grand bain des larmes fut fatal
Au feu de joie des idées sur l’horizon
Voici la nuit qui tombe
Casquée
Et les étoiles dessinées
Dans la case qui nous est assignée.
Chut !
Creusons du fond de la tombe
L’échappée belle qui ronge les fondations.
La membrane
Peut-être est-ce par osmose
La violence qui s’égrène
Germe au printemps
Les grenades et les poings
La misère et la faim
Comme un virus
Un germe artificiel
Plaqué partout
Dans les gueules assoiffées
Un couvercle d’acier
Sur les cris étouffés
Le désir étranglé
Qui n’a plus que ses bras
Épouvantail
Quand le bâillon éteint son chant.
Sur le muret
Quelles sont ces bouteilles
Vides
Que le vent fait jouer
En ré mineur ou que sais-je ?
Quelles sont ces bouteilles
Étranglées
Exsangues
Sans substance ni éthanol ?
Juste un pli dans l’oreiller
Le rêveur est parti
L’âme est volatile
Vaporeuse
Un dessous chic
Reniflé par le diable
Sitôt sniffé sitôt soufflé
Et la résille gitane s’envole
Ne laissant que le verre
Vide
Verdâtre
Et cassant.
Le dérapage
D’où viendra la faute
Le coup brusque
La rupture d’adhérence
À l’asphalte noire et tiède
Goudron qui coule de nos espoirs éteints ?
Quand la dernière sortie
Définitive
De la voie tracée comme un tunnel ?
Le pilote automatique
Capteurs
Processeurs
Intelligence embarquée à fond de cale
Sous les lingots de l’ambition
Et la profusion de l’ego
Le pilote ne verra que le mur
Trop tard
S’effondrer
Enfin.
L’échappé
Je suis un échappé
Libre
Mais toujours rattrapé
Par les nerfs en pelote
Des flagrances digitales
Désolantes.
Je suis un échappé
Ivre
Rempli des menaces
Des peurs de synthèse
Deux fois binaires
C’est trop.
Qui luit ?
Je suis venu
Comme chaque nuit
M’asseoir ici
Voir qui luit
Encore
Sous le ciel
Le ciel enfui
Lassé des cris
Des égorgés
À coups de scie
Égoïne mal aiguisée.
Pédagogie !
Arrête de te plaindre
Viens finir ton plat
Tes os
Ronge ta main gauche
Il reste encore un doigt !
Arrête de te plaindre
Admire la prothèse
Moderne
Nous te la vendrons
Si tu as des sous !
Tous ici ne s’associent pas
Celui-ci s’agite
Penche en tremblant
Haute fréquence chahutée par les bogies
Hyperventilation chronique
Trois heures durant
Vers quelle apnée va-t-il ?
Quelle syncope programmée ?
Son voisin ronfle et bave
Indifférent à la condamnation
La noyade qui se joue
Dans cet ici à grande vitesse
Ce trait de lumière
Entre Paris et Montpellier.
Deux questions
Pantalon jaune
Serré
Cheveux roux
Noués
Chaussures pointues
Cirées
Mais le reste hélas
Trop vite
Trop brillant
Stroboscopique éblouissant.
Qui sait les yeux ?
Qui sait la voix ?