Le fétu

Quel dommage,
Ce sinistre remaniement
De mes sentiments encoffrés,
La fuite en avant de mes cheveux
Dans le vent de ma course au large,
Ma poursuite solitaire
De ce fétu ridicule,
La liberté aujourd’hui.

Mon pied gauche

Je marche,
Mon pied,
Le gauche,
Louvoie sitôt posé le talon.
Je marche,
Je sais,
C’est moche,
De marcher de cette façon.
Je marche,
Ça y est,
Fastoche,
Il veut botter le cul d’un bouffon.
Je marche,
Mon pied,
Le gauche,
Il vote de cette étrange façon.

Avalanche

S’élever,
Sur le mur,
Les tessons,
Les salauds,
Se grandir,
Mes épaules,
Tes pieds,
Ta main,
La mienne,
Faire lien,
Grandir,
Noyau dur,
Châtaigne,
Fruit mûr,
Pêche,
Verger,
Grêle,
Redoubler,
Fusionner,
La foule,
Fouler,
Les tapis,
Précieux,
Bien sûr,
Tapis verts,
Soulever,
Regarder,
Dessous,
S’insurger,
Insurrection.

Auto-persuasion

Je n’ai rien à faire
Des outrages éberlués
Et de l’infamie qui broute
Nos beaux champs guerriers.
Je n’ai rien à faire
Des cris des curés,
Les sermons souterrains
Si vite oubliés.
Je n’ai rien à faire,
N’ayez aucun doute,
Que voulez vous
Que ça me foute ?

La bouteille

Du cul au col,
Remplie,
Dense des grains foulés,
Tu joues le rythme endiablé,
La marche fiévreuse des pensées,
Passagères de ton sein grenat.

Je t’en prie,
Bouteille,
Laisse moi t’analyser
Sur le divan de mon palais.

Bigrement

Les casse-pieds,
Bonbons,
Noisettes,
Les brise-menus en tous genres,
Je suis bigrement bien
En votre compagnie de rabat-joies.
J’aime les cailloux qui roulent,
Je suis un équilibriste,
Un trompe-la-mort,
Funambule suspendu
Sur le fil de votre incontinence.