L’effroi

Sans un mot,
Sans maudire les trépassés,
Les vivants ou les autres,
Comme une bise froide
Ou un baiser brûlant,
Je t’ai vue passer.
J’en tremble encore,
Demande à mes dents.
Plus jamais je ne mordrai
Dans une chair vivante.

le bruits des sentences

J’aime le bruit des sentences au fond des bois,
Les cocus qui brament à s’en fendre les bois,
Prêts à des vie en moins
Pour quelques mots de trop.

J’aime cette attente fébrile du sang
Qui va jaillir des perdants et des gagnants.
Hourra ! Hourra !
Gardez moi des abats !

Petit cœur

Petit cœur, résille d’automne,
Tu as perdu le nord de ton navire,
Le sens du vent dans tes veines.

Petit cœur, pépin de pomme,
À fuir les loups, à tant courir,
Tu vas goûter ton sang, hors d’haleine.

Petit cœur, fille ou bonhomme,
Pas le choix, il faut venir,
Mais j’entends déjà courir la haine.

Dans la soute

Qu’as tu mis au fond de la soute ?
J’entends de longs soupirs,
Des baillons noués
Et des mots qui s’effacent.

Qui donc périt à fond de cale ?
Tu gardes le cap sans coup férir
Comme un idiot subordonné.
J’ai compris : ce sont tes doutes.