Un regard absent

Le visage comme rentré en lui même
Tu me regardes
Cachée derrière l’écran des noirs desseins
Le film censuré de ton mépris
Tu regardes et écris
Ton futur succés
Ce succédané de ta vie
Sans sucre ni café
Juste de l’amertume
Féroce

Les chaises

Deux chaises blanches dans le jardin
Deux chaises vides en plastique blanc
Pâles et inutiles dans la nuit
Deux traces de ceux qui s’y assirent
Pour souffler sous l’arbre
Expirer la douleur de la journée
Évaporer la bulle d’eau derrière les yeux
Deux chaises blanches pour ne pas pleurer.

La ligne est claire

Chut !
Équilibre précaire !
Les allumettes sont mouillées
Le grand bain des larmes fut fatal
Au feu de joie des idées sur l’horizon
Voici la nuit qui tombe
Casquée
Et les étoiles dessinées
Dans la case qui nous est assignée.
Chut !
Creusons du fond de la tombe
L’échappée belle qui ronge les fondations.

La membrane

Peut-être est-ce par osmose
La violence qui s’égrène
Germe au printemps
Les grenades et les poings
La misère et la faim
Comme un virus
Un germe artificiel
Plaqué partout
Dans les gueules assoiffées
Un couvercle d’acier
Sur les cris étouffés
Le désir étranglé
Qui n’a plus que ses bras
Épouvantail
Quand le bâillon éteint son chant.