Tous ici ne s’associent pas

Celui-ci s’agite
Penche en tremblant
Haute fréquence chahutée par les bogies
Hyperventilation chronique
Trois heures durant
Vers quelle apnée va-t-il ?
Quelle syncope programmée ?
Son voisin ronfle et bave
Indifférent à la condamnation
La noyade qui se joue
Dans cet ici à grande vitesse
Ce trait de lumière
Entre Paris et Montpellier.

Le bourgeon de la colère

Le poing
Sorti du tronc
Un bout de lune blanche
Dans le creux de la paume
Le poing
Bourgeon de la colère
Fermé sur son amour
Les pleurs qui suintent
Le poing s’envole
Fléau d’armes qui danse
Danse fracasse
Met la danse aux menaces
Aux verrous tenaces
Aux rapaces
Le poing libère
Laboure la place
Pour la naissance au soleil
Des couleurs inconnues.

Derrière la palissade

Il y a des grues, des camions, des casques et des bottes. Il y a du bruit, des coups portés à un métal inconnu. J’entends des cris aussi. Un outil qui manque à l’appel ? Pour le moment, seul un étage de béton brut émerge des palissades. Bientôt, si j’en crois le grand panneau promotionnel, des enfants joueront sous de grands arbres pendant que leur maman, sur une terrasse, profitera d’un soleil printanier. Bientôt, ici, des vies éliront domicile et les ouvriers partiront construire d’autres nids, à coups de grues et de camions, les bottes dans la boue et le casque sur la tête.