Auto-persuasion

Je n’ai rien à faire
Des outrages éberlués
Et de l’infamie qui broute
Nos beaux champs guerriers.
Je n’ai rien à faire
Des cris des curés,
Les sermons souterrains
Si vite oubliés.
Je n’ai rien à faire,
N’ayez aucun doute,
Que voulez vous
Que ça me foute ?

Il a dit

Il a dit :
Ne vivez plus
Au-dessus des moyens
Que je vous donne.

Il a dit :
Travaillez plus,
Le travail est mon cadeau
Que d’autres n’ont pas.

Il l’a dit,
Redit,
Entonné,
Menacé,
Comme s’il avait tout dit,
Tous ses mots, sa litanie.

Je n’ai rien dit.
J’ai fait mon choix,
J’ai pris ma rue,
Mes pavés,
Ma colère.

Nous n’avons rien dit,
Juste déchu les rois.

Mitraille

Tout va trop vite,
En besogne,
En rogne,
En cogne.
Les essaims me frôlent,
Insaisissables,
M’attisent,
Me déboulonnent.
Je penche à Pise,
Et me noie à Venise.
La lagune est verte,
Les canaux lacrymaux,
Remplis de charognes obscènes
Et d’amours mortes décomposées.
Ça sent la fin,
La fin des choses,
La fin des gens,
La fin des mots.
Besogne ! Rogne ! Cogne !

Sens unique

C’est la théorie,
Le jeu des concepts moqueurs
Et des miroirs déformants.
C’est la théorie qui chante
Pour imposer ses notes.
C’est la théorie qui brille
Et nous aveugle en hurlant.
Là-haut, sur son trône,
Son cul gras nous cache
Son assise honteuse,
Ses axiomes rongés
Par les vers de l’envie.

Émoussé

Je n’irai pas voir,
La ligne est trop droite,
La baïonnette trop pointue.
Je n’irai pas,
À un jet de balle,
Cueillir les morts,
Compter les corps.

Je n’y crois plus,
Je sais, c’est mal,
Tellement banal,
Je n’ai plus de larmes,
Plus rien ne m’alarme.

Et toi, qu’as-tu vu ?