Je n’ai rien à faire
Des outrages éberlués
Et de l’infamie qui broute
Nos beaux champs guerriers.
Je n’ai rien à faire
Des cris des curés,
Les sermons souterrains
Si vite oubliés.
Je n’ai rien à faire,
N’ayez aucun doute,
Que voulez vous
Que ça me foute ?
Catégorie : Pensées (nos plaies)
Elle est déjà passée
Il a dit
Il a dit :
Ne vivez plus
Au-dessus des moyens
Que je vous donne.
Il a dit :
Travaillez plus,
Le travail est mon cadeau
Que d’autres n’ont pas.
Il l’a dit,
Redit,
Entonné,
Menacé,
Comme s’il avait tout dit,
Tous ses mots, sa litanie.
Je n’ai rien dit.
J’ai fait mon choix,
J’ai pris ma rue,
Mes pavés,
Ma colère.
Nous n’avons rien dit,
Juste déchu les rois.
Rien sans rien
Pas de manche sans smoking
Pas de rue sans limousine
Pas de trottoir sans groom
Pas de misère sans jet-set
Sylvestre
Qui va mourir aujourd’hui ?
Dans son lit,
Dans la rue
ou en Syrie ?
Entouré,
Isolé
Ou bombardé ?
Qui va mourir aujourd’hui
Ne verra pas l’année,
L’incrément ironique
Du compte-à-rebours.
Qui va mourir aujourd’hui
Et a vraiment passé
Une très bonne année ?
Symbiose
Ils se nourrissent,
Les uns,
Les autres,
Aimablement,
Consciencieusement.
Une loi pour toi,
La une pour moi.
Ils se nourrissent,
Se passent le plat,
Celui où tu gis,
Vulgaire salsifis !
Mitraille
Tout va trop vite,
En besogne,
En rogne,
En cogne.
Les essaims me frôlent,
Insaisissables,
M’attisent,
Me déboulonnent.
Je penche à Pise,
Et me noie à Venise.
La lagune est verte,
Les canaux lacrymaux,
Remplis de charognes obscènes
Et d’amours mortes décomposées.
Ça sent la fin,
La fin des choses,
La fin des gens,
La fin des mots.
Besogne ! Rogne ! Cogne !
Retour à vide
Je reviens du passé,
Pas si simple,
Pas si parfait,
Tu m’en avais parlé
Avec des mots mensongers.
Je reviens du passé,
À quoi bon ?
J’y ai perdu mes illusions.
Sens unique
C’est la théorie,
Le jeu des concepts moqueurs
Et des miroirs déformants.
C’est la théorie qui chante
Pour imposer ses notes.
C’est la théorie qui brille
Et nous aveugle en hurlant.
Là-haut, sur son trône,
Son cul gras nous cache
Son assise honteuse,
Ses axiomes rongés
Par les vers de l’envie.
Émoussé
Je n’irai pas voir,
La ligne est trop droite,
La baïonnette trop pointue.
Je n’irai pas,
À un jet de balle,
Cueillir les morts,
Compter les corps.
Je n’y crois plus,
Je sais, c’est mal,
Tellement banal,
Je n’ai plus de larmes,
Plus rien ne m’alarme.
Et toi, qu’as-tu vu ?
Derrière la bâche
À travers la bâche,
Fripée,
Crevassée,
Ton sourire diffracté m’enchante.
Mais voilà que je m’inquiète :
Sans le prisme pétrolier,
Va-t-elle se dissiper,
La magie de l’imagerie ?
Va-t-elle dévoiler
Mon besoin d’imaginer ?